Devenir Médecin du Travail : témoignage d’une future interne
Publié le vendredi 31 juillet 2015
Nous attirons votre attention sur le fait que cette actualité a déjà plus d'un an,
son contenu peut dès lors être hors de propos ou présenter des inexactitudes.
Marie BUON est étudiante en médecine à l’Université de Caen. Son année de DCEM4 et les Epreuves Classantes Nationales achevées, elle doit désormais faire le choix de sa spécialité. Pour se conforter, elle a réalisé trois stages d’une semaine en Santé au Travail, au sein de trois services différents, dont PST. Elle a accepté de partager son expérience et sa découverte du métier de Médecin du Travail en service interentreprises.

«
J’ai découvert la spécialité de médecine du travail à travers mon cursus universitaire. On y acquiert un certain nombre de connaissances théoriques, notamment liées à l’amiante, au bruit, aux maladies professionnelles... Cela m’avait beaucoup intéressée bien que je n’avais pas de vision concrète du métier de Médecin du Travail, d’où l’intérêt de ce stage. Le fait de découvrir à la fois un service autonome et deux services interentreprises me permet de matérialiser mon projet et bien distinguer le fonctionnement de ces deux types de services.

Marie BUON, future interne en médecine du Travail« Une vision différente de la médecine de soin »
Ce qui m’attire en Santé au Travail, c’est la vision complètement différente de la médecine de soin puisque nous sommes dans une dynamique de prévention, ce qui est pour moi une chose absolument nécessaire. Faire le lien entre la santé et le travail m’intéresse : assurer le suivi des salariés dans leur activité, leur évolution, me rendre sur les lieux de travail, réaliser des études de postes… autant de missions attrayantes.
Il faut prendre en compte le fait que je ne ferai plus de prescription, mais cela ne m’empêchera pas de me tenir informée ! Le médecin du travail interrogera les salariés sur leurs traitements, pour des pathologies qui auront parfois un lien avec leurs conditions de travail. Il me faudra donc tout de même être à jour des données scientifiques.
Je perdrai la prescription, mais je gagnerai la relation au monde du travail. C’est un domaine que je connais encore peu mais qui va se concrétiser lors de l’internat.

L’équipe pluridisciplinaire, un véritable atout
Je ne m’imaginais pas qu’il puisse y avoir autant de professionnels à participer à la dynamique de Santé au Travail. Dans mon esprit, l’équipe type se composait plutôt d’un médecin, d'une assistante et d'une infirmière. L’équipe pluridisciplinaire apparaît dès lors comme un véritable atout et comme quelque chose d’essentiel. Il est évident que le médecin ne peut pas posséder toutes les compétences et assumer seul le suivi de l’ensemble des salariés. Il y a forcément dans l’équipe un professionnel avec l’information ou la compétence recherchée : c’est tout l’intérêt d’être accompagné de professionnels de spécialités complémentaires.
C’est aussi valorisant pour le médecin d’être le pilier d’une équipe, de devoir accompagner et gérer des collaborateurs : ce n’est pas vraiment dans notre culture. Je ne vais pas dire que c’est un métier différent mais c’est une vision de l’exercice que l’on n’a pas du tout lors de l’externat. Je suis satisfaite d’avoir fait ce stage pour me rendre compte de cette réalité. J’ai vraiment découvert de nombreux aspects du métier sur le terrain.

La richesse du métier : la diversité des missions
J’ai été très bien accueillie par les équipes de PST, chacun m’a expliqué son métier, son rôle dans l’équipe, comment il travaille avec le médecin du travail, ce qu’il peut faire…
Durant le stage, je suis allée en entreprise pour observer, avoir le contact avec les employeurs et les salariés. J’ai ainsi eu l’occasion de suivre Justine NICOLLE , spécialiste du risque chimique, participer à un CHSCT avec le Dr BOEUVE, accompagner un Consultant Hygiène et Sécurité pour faire mesures de températures au sein de locaux…
Au niveau médical, j’ai assisté à des visites d’embauche, de préreprise, de reprise, première ou deuxième visite d’inaptitude, quelques visites périodiques et occasionnelles. Cela a été plutôt complet !
Je me rends compte que le Médecin du Travail fait, outre des actes médicaux, de l’Action en Milieu de Travail (AMT), de l’animation et de la coordination d’équipe, de la gestion de projet… Ne pas faire que des consultations, c’est aussi toute la richesse du métier. Cela me plait bien, car il me faut du changement, pas de routine. Je ne pense pas que cette routine existe en santé au travail dans un service interentreprises. C’est peut être l’idée que l’on en a, et pourtant !

« C’est important pour un service d’avancer plutôt que subir les changements »
J’ai également rencontré Olivier BALHAWAN, le Responsable conduite de projet, qui m’a notamment présenté le CPOM (Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens) et le Projet de Service. C’est important pour un service d’avancer plutôt que subir les changements : il s’agit de l’avenir de la Santé au Travail, au bénéfice des employeurs et de leurs salariés.
Le métier a énormément changé ces 15 dernières années et c’est vrai que l’on peut s’interroger sur ce qu’il en sera dans 20 ans. Mme MAHIEU, Directrice Générale de PST, m’a permis de rencontrer le Médecin Inspecteur Régional du Travail, Dr RAOULT, afin d’échanger avec elle sur la spécialité, ses perspectives. Cela a plutôt conforté mon choix.
En fait, c’est un métier qui a évolué assez rapidement, en même temps que la société. Je pense pouvoir m’adapter facilement, même si évidemment nous avons tous des limites. C’est certain que demain cela va beaucoup plus évoluer que certaines spécialités médicales ou chirurgicales. Il faut avoir une capacité d’adaptation certaine, être assez souple. Je pense d’ailleurs que c’est une compétence nécessaire pour exercer ce métier. On doit être souple, à l’écoute de son équipe, des salariés et des employeurs. C’est tout un équilibre, toujours essayer d’être équitable dans ses choix et savoir prendre des décisions avec discernement.

»
« Je penche à 85% pour la médecine du travail »
Il me reste maintenant deux mois pour prendre ma décision (au jour de la rencontre), je penche à 85% pour la médecine du travail. Je pensais exercer une autre spécialité, mais découvrir la médecine du travail a rendu les choses différentes.
Je remercie donc l’ensemble des acteurs de ces trois stages et je pense qu’il faudrait vraiment proposer cette expérience à de nombreux autres étudiants. Aujourd’hui, je crois que c’est vraiment une chance de pouvoir travailler en Service de Santé Interentreprises.

Le maintien de la ressource médicale est une priorité pour le service. La communication auprès des étudiants en médecine, l'accueil d'internes ou de collaborateurs médecins sont les principaux leviers mis en oeuvre afin de susciter de nouvelles vocations de Médecin du Travail.